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Democracy and confusions, its paradoxes and dangers
In the below article, EFD Senior Fellow Richard Rossin refers to the particular importance of democracy: “our great victory inherited from the Enlightenment”.
Nevertheless, nowadays in the Middle East, recent theocracies contradict the promotion of democratic values.
Une idée pour l'année nouvelle : la défense des démocraties.
Notre valeur est la démocratie, le pire système de gouvernement, à l'exception de tous les autres qui ont pu être expérimentés dans l'histoire disait Winston Churchill. Nous y tenons donc comme à la prunelle de nos yeux. C'est notre grande victoire héritée du siècle des Lumières. Bien sûr, il y eut des balbutiements antérieurs dans l'histoire mais réservés à quelques-uns, ce qui faisait d'ailleurs plutôt de ces antiques démocraties, toujours invoquées, des oligarchies.
Le chemin a été long jusqu'à ce qu'Abraham Lincoln la définisse par "le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple", définition reprise dans l'introduction de la Constitution française de la Cinquième République en 1958.
Les droits essentiels qu'affirme la démocratie sont d'abord la vie et la liberté de penser et s'exprimer, enfin bien sûr, l'égalité de droit des citoyens. Ceci implique une séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. La liberté d'expression a évidemment des limites que sont la diffamation, l'incitation à la haine, l'appel à la violence et au meurtre.
Le plus important des moyens d'expression politique des démocraties est le droit de vote. Le vote n'est qu'un moyen d'expression et non l'expression de la démocratie. Demandez à Bachar el-Assad élu à l'unanimité par la mort de son père ! Des élections ne sont pas toujours démocratiques même si elles se tiennent dans le calme. La première condition démocratique est la pluralité des opinions présentées au scrutin et leur égalité de chances à s'exprimer.
A cet égard il est important de lever le flou assez répandu entre république et démocratie. La République est un régime politique dans lequel la fonction de chef d'Etat n'est pas héréditaire mais procède de l'élection (cf encore Bachar el-Assad). Mais la république n'est pas nécessairement une démocratie (régimes à parti unique, dictatures issues d'élections) tout comme la monarchie n'est pas nécessairement absolue (monarchies constitutionnelles et parlementaires).
Les élections en démocratie permettent seulement de déterminer les chemins choisis par le plus grand nombre dans le multipartisme. Elles ne permettraient d'ailleurs de n'installer qu'une dictature du plus grand nombre si les hommes au pouvoir en démocratie n'avaient le devoir de tenir compte des convictions différentes des leurs. Le multipartisme est central pour le caractère démocratique de l'élection.
Les démocraties se mettent évidemment en danger en tolérant l'expression des antidémocrates, c'est leur paradoxe. Le débat est roi.
Le grand ennemi des démocraties sont les totalitarismes politiques et religieux outre les monarchies absolues et les dictatures.
Le totalitarisme se caractérise comme un régime qui se pense comme la totalité, c'est donc un régime à parti unique n'acceptant aucune opposition et dans lequel l'Etat confisque tous les pouvoirs directement ou non. Il va au-delà de la dictature en s'immisçant dans l'intime des citoyens, leur pensée, il impose une vérité obligatoire qui ne supporte aucun doute. Quiconque sort de l'idéologie prescrite est déclaré ennemi de la communauté. Tous les moyens de communications sont confisqués au profit du monopole idéologique et de l'embrigadement de tous. L'économie est centralisée. L'Etat est dirigé par un chef charismatique objet d'un culte, il désigne l'ennemi, célèbre la guerre et annonce le progrès... Armée et police sont au service de l'idéologie et du chef, tout le système social est basé sur la délation, chaque être est potentiellement suspect.
La vérité absolue invoquée peut être un dogme religieux, social ou national : le nazisme en Allemagne ou le communisme en URSS. Dans l'ancienne sphère d'influence de l'univers soviétique le terme de démocratie avait été dévoyé sous l'appellation de démocratie populaire. Paradoxalement l'adjectif qui confisque le pouvoir a fait fortune de par le monde. Il existe encore des démocraties populaires notamment en Orient extrême.
Aujourd'hui, la vérité absolue est le plus souvent une vision de l'islam dans les pays théocratiques. Elle a supplanté la vérité communiste. En Arabie Saoudite il s'agit d'une monarchie absolue depuis 1924 sous contrôle de la pensée wahhabite qui puise ses lointaines racines dans la rencontre en 1744 entre Mohamed al-Wahhab et Mohamed al-Saoud. En Iran la pouvoir est directement aux mains des religieux depuis 1979. La structure politique de la république iranienne répond à tous les critères du totalitarisme. Ces théocraties rêvent ouvertement voire constitutionnellement (Iran) d'élargir leur modèle, leur cosmogonie, à la planète ; elles sont devenues le danger majeur pour les démocraties. Un des marqueurs antidémocratiques internes intéressant est la situation des femmes de ces sociétés dans lesquelles, par ailleurs, les non-musulmans ne sont au mieux que des dhimmis, des sous-citoyens plus ou moins protégés sous réserves de taxes particulières et de règles discriminatoires. Les tentatives d'arracher à l'universalisme des droits de l'homme musulman sont aussi instructives à cet égard.
Pour progresser, ces théocraties utilisent tous les moyens possibles, y compris les associations humanitaires et de prédication, ou profitent des mouvements sociaux. Elles avancent comme elles peuvent, à la "va comme je te pousse". On les a vus dans "les printemps arabes"... ou en Syrie. Ceci ne veut pas dire que ces mouvements sont unis politiquement mais ils ont cet objectif supranational de développement universel en commun ; ils se déchireront ultérieurement pour leurs particularismes. C'est la promesse d'un monde à feu et à sang pour longtemps. Pour l'instant l'Iran n'a de cesse de tenter de se pourvoir en armes de destructions massives, nucléaires, bien sûr, mais aussi chimiques et bactériologiques depuis la guerre Iran-Irak.
Les termes de démocratie et de droits de l'homme sont dévoyés et utilisés en armes de combat contre leur réalité et pour les détruire. Il est indispensable de se représenter ou se faire préciser par ses interlocuteurs ce que recouvrent pour lui ces expressions afin de reconstruire leur réalité. L'abus le plus fréquent est l'appellation d'élections démocratiques juste parce qu'il n'y a pas d'émeute, qu'il y a eu des bulletins de vote sans fraude trop évidente mais sans qu'il y ait eu ou de multipartisme ou d'égalité de chances des différents candidats.
Bien sûr, chacun a le droit de vivre dans les systèmes qu'il souhaite mais il est frappant de remarquer le défaut d'éducation et de culture dans les pays non démocratiques, là où la ferveur est confondue avec la raison. De fait l'éducation et l'accès à la culture font partie des droits démocratiques et il est particulièrement inquiétant de voir des systèmes d'éducation se déliter dans des pays démocratiques, ces délitement sont annonciateur de lendemains qui déchantent.
En attendant, face aux théocraties, ce qui est en jeu ce sont bien toutes les valeurs démocratiques : le droit à la vie, le droit de penser et de s'exprimer, le droit de circuler, le droit d'échanger, le droit d'apprendre et transmettre le savoir, le droit de choisir ses dirigeants dans un panel d'opinions le plus large possible, le droit de maitriser sa vie et son avenir, le droit de transmettre ses valeurs, la liberté de choisir. Même si l'idée de la liberté des uns n'est pas forcément celle des autres, on peut encore faire le choix de sa liberté.
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